Aiden D. Lehnsman [Terminée]

Famille d'assassins, rigidité allemande, rigueur écossaise... N'allez cependant pas croire que l'enfance d'Aiden fût digne de ces romans moldus qui font du héros un être froid qui ne dévoile aucune émotion. Bien au contraire. Sans être un enfant turbulent, Aiden a toujours aimé rire et amuser son monde, apprenant très vite à repérer les situations qui le lui permettaient. Les larmes avaient aussi leur place, mais pas plus que dans une autre famille. Disputes et chamailleries. Une vie d'enfant.

Tout jeune, il se laissait même facilement entraîner dans les jeux de sa sœur de deux ans son aînée, bien qu'il se découvre assez vite une plus grande affinité avec les jeux qu'il pouvait pratiquer avec des camarades de jeu qui appréciaient les mêmes choses que lui. Courir, crier en pleine nature, faire semblant de se battre, apprendre à jouer au Quidditch... Et des camarades à qui, surtout, on permettait ces divertissements bien plus masculins plus que le temps des vacances d'été au sein du domaine familial allemand.

Les entraînements prenaient souvent pour la marmaille Lehsnman des allures de jeu sur un terrain que beaucoup leur aurait envié. Il a toujours su ce que cela signifiait, toujours su ce à quoi on le destinait. Mais, pour un enfant de cet âge, ça n'a aucune réalité. Juste des discours d'adulte que l'on apprend par cœur, que l'on approuve parce qu'il faut le faire, mais dont on s'amuse plus qu'autre chose. Jusqu'à ce que sa main se pose, presque par hasard, sur un poignard effilé à la lame recourbé. Aspect banal d'une arme chargée d'histoire et de sang dont les runes assuraient une grande discrétion. La cérémonie était comme un grand divertissement de plus. Il dû même contenir un sourire en faisant semblant de se concentrer. Puis sa main a effleurer l'ivoire sculptée du manche de cette arme. Et il s'est passé quelque chose. Quelque chose qu'un enfant de dix ans était incapable de comprendre. Mais qui devait finir par guider sa vie, il le savait désormais, avec le recul.

Enfin, Poudlard. Comme tout sorcier ayant été élevé en Grande Bretagne, il en entendait parler depuis sa plus tendre enfance. L'excitation provoquée par son intégration à l'école a fini par éloigner de son esprit, l'année de ses onze ans, les sentiments provoqués par la cérémonie et le poignard soigneusement conservé au domaine familial. Une seule chose comptait désormais : quand quelle maison serait-il réparti ? Question qui trouva rapidement sa réponse à la surprise de pas mal de monde dans son entourage : Serpentard. Ce qui lui convint tout à fait.

Il ne fallut que quelques jours à Aiden pour se faire à sa nouvelle vie, à la vie en communauté ainsi qu'aux cours qu'il affectionna très vite. La Magie. Enfin, la vraie, la pratique. S'il n'était pas mauvais en théorie, la pratique avait clairement ses faveurs et Aiden se plaisait particulièrement en Sortilège et Défense Contre les Forces du Mal. Une vie d'élève, pas plus mauvais qu'un autre, même assez bon dans certains domaines. Comme pour sa première enfance, les voix tracées par sa famille n'ont pas vraiment d'influence sur sa vie à l'école ; du moins aurait-il alors aimé le croire. Peut-être les quelques facilités à connaître les maléfices et contres maléfices, les sortilèges un peu discutés étaient-ils dû aux enseignements familiaux, mais ça n'influençait pas sur le reste... Il avait des amis, il avait des différends, il avait des cours, des bonnes et des mauvaises notes. Et malgré les vacances en Allemagne pendant lesquels il savait toujours se montrer assez doué, la famille d'assassin et son destin semblait toujours plus loin.

Et elle le fut d'autant plus quand, en cinquième année, il « rencontra » Célène Fraser. Une fille de sa promo, qu'il avait croisé à plusieurs cours. Jamais très causante, à priori pas intéressante... Jusqu'à ce qu'il ne la voit sourire à une de ses blagues en sortant d'un cours de potion. Il a toujours été persuadé, depuis, que personne n'avait jamais vu ce sourire, même elle. Le genre discret, qu'on ne voit pas si l'on y prête pas attention. Et à partir de ce moment là, Aiden décide d'y faire particulièrement attention. Et à les voir ou les imaginer, peu importe. Tout est bon pour tenter d'en être la cause, approcher, échanger quelques mots, qui deviennent de vrais discussions. Qui finissent par se transformer en flirt, puis en relation. Et il sait qu'il n'en aimera jamais une autre, comme on en est persuadé à 16 ans, comme si aucune histoire n'avait jamais compté et aucune ne compterait plus jamais. Il ne voyait plus que Célène.

Mais bien, qui dit école, dit choix de carrière. Et contrairement à ce qu'aurait voulu ses parents, il refusa de suivre la voix toute tracée. Briseur de Sort, voilà ce qu'il voulait faire ! Et il finit même par l'imposer à ses parents, à force de batailles et de compromis. Parce qu'il refusait de se laisser enfermer dans une voie qui n'était pas la sienne. Il lui fut cependant imposer les malédictions : pourquoi pas. Après tout, il avait déjà quelques connaissances plus qu'intéressante dans ce domaine. Et c'est ainsi fort de son couple, fort de son projet de carrière, qu'Aiden quitta l'école de Magie une fois son diplôme en poche.

Aiden n'a pas attendu pour construire sa vie d'adulte. Responsable si jeune ? Peut être pas lorsqu'on voit aujourd'hui où il en est. Enfin, les faits sont là. Dix-huit ans, un mariage contre l'avis de ses parents avec une sorcière qu'ils ne jugeaient pas assez bien née, et l'entrée au QESM. Deux choix en parti désapprouvé, qu'il refusa pourtant d'abandonner pour eux, l'un comme l'autre. Renoncer à Célène ? Cela lui semblait juste absolument impensable. Ni pour sa famille, ni à cause de leurs caractères parfois si différends. L'amour de sa vie, que leur fallait-il de plus ? A lui, rien. D'autant plus que les voyages imposés par sa formation, puis par son métier puisqu'il fut engagé dès l'âge de 21 ans à Gringotts leur permettaient de se retrouver après de longues périodes de séparation, alors que seul comptait le fait d'être ensemble, éclipsant largement les soucis du quotidien. Jeunesse et insouciance. Encore et toujours.

Jusqu'à ce que le soleil qui brillait sur sa vie, lentement, ne se voile. Lentement. Discrètement. Mais sans retour possible. Ça commence comme une petite gène, quelque chose de désagréable, mais dont il n'est pas utile de tenir compte. Et puis avant qu'on puisse comprendre, avant que l'on ne s'en rende compte, tout est déjà trop tard. La guerre s'est installée alors qu'Aiden refusait même de la voir.

Il y a eu les silences quand il rentrait à la maison. Il y a eu les absences de part et d'autres. Il y a eu les sujets évités pour ne pas blesser. Et un jour, il a fait ses valises. Il est juste parti. Presque sans un mot.

Une petite voix, dans le secret de son esprit, lui dit parfois que ses parents avaient raison de désapprouver ses choix. L'inquiétude de la guerre lui a fait renoué des liens légèrement distendus jusqu'à maintenant, alors même que ceux qui le liaient à Célène s'étiolaient. Son père et sa mère. Ceux qui, quoi qu'ils se passent, seront toujours là. Lentement, subrepticement, il est véritablement retourné vers sa famille. A ses racines. A ce qui faisait d'eux les Lehnsman. Travailler plus sérieusement à ce qui était son héritage. Après tout, c'était aussi sa voie...

Les années ont fait de lui un homme plus sombre, même si Aiden aime toujours à plaisanter. Aujourd'hui, Aiden s'est rapproché d'une sœur qu'il a toujours aimé même s'ils n'avaient jusqu'alors jamais eu beaucoup d'affinités. Aujourd'hui, Aiden écoute ses parents parler à demi-mot de la guerre en se taisant. Aujourd'hui, Aiden fait tout pour éviter Célène.