Le Crépuscule des Sorciers
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Déjeuner en paix (ft Adrian & Morrigan Rosier)

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Déjeuner en paix (ft Adrian & Morrigan Rosier) Empty Déjeuner en paix (ft Adrian & Morrigan Rosier)

Message par Invité Lun 30 Sep - 12:14

Déjeuner en Paix
Adrian C. Rosier & Morrigan E. Rosier



Septembre s’éteignait peu à peu, le pâle éclat de son soleil se révélant annonciateur d’un automne arrivant. En plein cœur de Londres, le brouillard matinal s’était désormais levé. Du haut d’un immense building, un homme rêvassait, le regard vissé vers les cimes. Derrière lui se trouvait son bureau, lieu où il passait le plus clair de son temps. Si autrefois il avait été un homme d’action, désormais ses talents de gestionnaires lui étaient plus profitables. Sa réussite lui avait permis de se mettre en retrait, la plupart du temps, des opérations à risques.
Cette pièce d’où il gérait ce que certains apparenteraient à un empire se voulait imposante. Meublée avec goût sous les conseils de son épouse, elle respirait une forme de chaleur grâce à ses tonalités boisées. Les rayons de soleil de cette belle journée l’illuminaient, leur heurt sur les vitres réchauffant le bureau. Là, il se détourna finalement de l’horizon, quittant ses pensées. Il ne devait plus tarder afin d’éviter de se mettre en retard. Il lui restait une dernière chose à effectuer avant de partir.

D’un pas calme, il se dirigea vers son bureau, le contournant avant de venir s’asseoir dans un large fauteuil en cuir de Re’em. Machinalement, sa main alla chercher une petite boite qu’il ouvrit pour en sortir une cigarette. Son autre main se saisit de son briquet magique. Le bruit de papier se consumant marqua la première bouffée du Sang-Pur. De ses lèvres s’exhalèrent de volutes bleuâtres. Avec minutie, il déposa la cigarette au creux d’un cendrier. Ses yeux, enfin, se posèrent sur son prochain objectif. Il s’agissait d’un message que lui avait fait parvenir son bras droit. Alyosha et lui employait, dans leurs écrits, de nombreux codes. Tout avait un cheminement logique, mais il fallait en connaitre la clé qu’il changeait régulièrement. Un simple mot au cours d’une banale conversation pouvait indiquer ce nouveau codage. Bref…
L’héritier eut un franc sourire à la lecture de ce document. Bizarre puisque ce dernier avait tout d’une expertise comptable sur un projet concernant l’entreprise. Graphique, analyse,… tout y passait. Mais lui comprenait. Ce document était porteur de bonnes nouvelles de l’est. Les dernières opérations avançaient rapidement. Par ailleurs, il avait mis la main sur un livre très intéressant, le Nigrum Scopum. Même si pour l’heure il n’était pas parvenu à l’ouvrir. La fin de la missive annonçait son retour dès le lendemain, après qu’il eut récupéré la dernière commande pour le Royaume-Uni.
Le lecteur se laissa lentement retombé dans le creux de son fauteuil. Une fois de plus il tira une, puis deux bouffées de sa cigarette. Ses pensées vagabondèrent de son ami, à ce livre bien curieux. Il dut admettre qu’il avait hâte de pouvoir y jeter un coup d’œil. Nul doute que cela parlait de la magie la plus noire qui soit et, dans ce cas, qu’il en tirerait un excellent bénéfice. Il écrasa alors sa cigarette avec négligence tout en se redressant, son autre main se saisissant d’une longue plume rutilante se situant sur son bureau. La réponse sur le parchemin fut brève puisque le chef d’entreprise indiqua avoir pris bonne note du rapport et attendre son retour afin d’approfondir certains points. La réponse ne nécessitait guère l’usage d’un quelconque code. Adrian eut un sourire satisfait tout en se relevant.

Il regarda l’heure et constata, à son grand désarroi qu’il était déjà en retard. Il se rapprocha rapidement de la sortie de son bureau, s’arrêtant un instant devant le porte manteau afin de se saisir de sa veste qu’il enfila tout en quittant la pièce. Arrivant dans le bureau de sa secrétaire, il constata que celle-ci était déjà en pause déjeuner. Cela n’était pas important et il déposa sa missive sur son bureau. Elle l’enverrait pour lui à son retour. Désormais il pouvait rejoindre son rendez-vous.
Adrian Rosier était l’héritier légitime de l’une des plus anciennes familles Sang-Pur. Ce fait cumulé à sa réussite dans le monde des affaires en faisait un homme très pris. Néanmoins, sa famille restait à ses yeux une priorité et comme chaque lundi, il avait rendez-vous avec sa jeune sœur, Morrigan, dans le très huppé restaurant ‘ Chez Agelmar ‘, propriété de la pure famille Selwyn. Adrian jeta un nouveau regard sur sa montre à gousset composé de onze aiguilles, la magie étant de parvenir à lire l’heure. Il constata qu’il avait quinze minutes de retard alors qu’il bifurquait sur la droite, n’étant désormais qu’à quelques pas du restaurant.

Un restaurant magique en plein cœur de Londres… vous vous doutez bien qu’il n’est pas accessible à tous. Ainsi pour un passant lambda, le dit lieu gastronomique n’existerait pas. Mais le monde magique dispose de grandes ressources. Ainsi là où devait se trouver le restaurant, il n’y avait rien qu’une simple maison moldue. Mais toute maison à sa boite aux lettres. Adrian s’avança vers celle-ci, y glissant un papier magique. L’enchantement se mit en œuvre, les maisons semblant s’éloigner les unes des autres pour laisser apparaître la devanture d’un restaurant. Le Rosier, sans hésiter ni même s’émouvoir de ce miracle, s’y engouffra.
Accueilli par le maître d’hôtel, il déclina son identité. Ce dernier lui annonça que son invitée était déjà arrivée. Suivant l’employé aux bonnes manières, Adrian pénétra finalement dans la salle où le service était donné. Là, il reconnut de nombreuses personnalités du monde magique, saluant discrètement certaines personnes au passage. L’heure était au repas, pas aux affaires et déjà il pouvait voir, un peu plus loin dans la salle, Morrigan, cette dernière tournant le dos à la salle. Il rejoignit finalement sa table habituelle, placée de telles sortes qu’il pouvait observer le restaurant tout en étant suffisamment isolée pour conserver de l’intimité.
Mutin, Adrian s’approcha lentement de sa sœur, faisant un petit signe au maître d’hôtel afin de s’assurer de sa discrétion. Ses mains, grandes et puissantes, se posèrent alors sur les épaules de la délicate jeune fille alors que sa tête vint se coller à la sienne.

« J’espère ne pas t’avoir fait trop attendre ma sœur ! » dit-il amusé avant de déposer un baiser tendre sur la joue de la frêle Rosier.

Sans attendre plus longtemps, il vint se placer face à elle, s’asseyant rapidement après s’être débarrassé de son veston tout en lui lançant ce sourire conquérant et radieux qu’elle connaissait si bien. Face à elle, Adrian se montrait toujours comme un roc, inébranlable.

« Je suis désolé, une affaire à régler au bureau plus longue que prévu. » dit-il une fois installé. « Mademoiselle prendra un verre de votre meilleur hydromel et pour moi un whisky pur feu bien vieilli merci. » ajouta-t’il a l’attention du maître d’hôtel sans qu’il n’ait eu le temps de le leur demander. « Alors dis-moi, comment va ma petite duchesse* ? »


Spoiler:

« Il faut être toujours ivre. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules, il faut s'enivrer sans trêve. De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous ! » ► BAUDELAIRE
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Message par Invité Dim 13 Oct - 16:45


Déjeuner en Paix




Adrian et Morrigan

Un tintement doux résonna. C’était son sablier à gravité inversée qui crépitait, les pépites dorées s’agglutinant dans un gracieux mouvement d’hélices tournoyantes, chacun des grains de sable d’obsidienne émettant une lueur plus dorée pour attirer son œil, comme pour lui crier dans la joie la plus pressante et débridée : c’est l’heure !!!! Morrigan leva son nez sur l’objet de pure magie constituée, le regardant se retourner, les deux orbes de verre échangeant leur place comme une danseuse effectue un pas : dans la plus grande fluidité. Maintenant, le manège reprenait. Elle voyait les fines particules s’essaimer d’un bulbe à l’autre, dans le silence le plus religieux, reprenant une teinte d’un noir profond. Un présent d’Adrian. Il avait le don de dégoter les objets les plus beaux pour les lui offrir. La jeune femme lui avait déjà répété qu’il ne devait pas mais rien n’avait su le convaincre. Elle ne s’en plaignait pas après tout. Chacun de ses cadeaux lui était infiniment précieux et dans son imaginaire développé, elle leur avait offert à tous une personnalité distincte.

La jeune femme ferma le dossier sur lequel elle était penchée, déposa sa plume blanche dans l’écrin dû à cet effet et rangea les dossiers dès lors clos dans les tiroirs dans son bureau. Son espace de travail était maintenant impeccable. Aucun papier ne traînait. Les quelques objets présents avaient une place bien particulière, au millimètre près. Maniaque ? Elle dirait plutôt « très organisée ».

Une fois sa veste enfilée, Morrigan se saisit de son sac et ouvrit la porte puis se retrouva nez à nez avec une jeune femme dont on ne percevait que le haut de la tête tant elle avait les bras chargés de dossiers. C’était une stagiaire fraichement sortie de l’école, une fille de sang ordinaire, peu dégourdie mais pas mauvaise en soi."Mademoiselle Rosier"

Morrigan ne la laissa pas embrayer. Elle rouvrit la porte en grand pour la laisser passer."Déposez-les sur mon bureau j’ai un rendez-vous très important."

La blondinette aux lunettes de travers, se dirigea en titubant vers le bureau de la sang-pur. La fille Rosier n’eut pas le temps de réagir. La petite assistante trébucha avec… avec quoi d’ailleurs ? Le vide ? Ses propres pieds, extension de sa grande incompétence ? Elle s’étala sur le bureau avec perte et fracas et dans le choc s’alliant aux dossiers s’étalant, l’inconcevable se produisit. Le sablier d’or gravé fut littéralement projeté dans les airs. La suite dura moins longtemps qu’un soupire. Non, pensa-t-elle le minois affolé. Sa main fondit dans la poche de son tailleur mais il était déjà trop tard, L’éclat du verre rencontrant le sol vint à ses oreilles. Le souffle de Morrigan se coupa. Ses prunelles atterrées observaient les morceaux d’or et de verre s’éparpiller dans les volutes mourantes de sable mordoré.

L’assistante se redressa d’un bond en plaquant ses lunettes contre son faciès catastrophé. "Oh par Merlin… Mademoiselle je… je suis tellement navrée je… "

La sang-pur pinça ses lèvres et prit sur elle pour enfouir le torrent d’émotion qui se déchainait en elle. Ses yeux eurent d’ailleurs bien du mal à se détacher de la désolation qui régnait à quelques pas d’elle. La jeune sorcière, voyant qu’elle avait commis un bel imper –et encore, elle était loin d’imaginer à quel point-, elle se jeta sur les morceaux de feu le sablier dans le but nébuleux de les rassembler. "Je vais arranger ça !"

Morrigan ne lui laissa pas le temps de toucher au présent brisé. En quelques pas elle attrapa le poignet de la donzelle au vol et le serra ; pas assez pour lui faire mal mais suffisamment pour lui faire comprendre qu’elle ne devait pas insister. "Ne touchez pas à ça." La voix qui sortit de sa gorge était dénuée de méchanceté, mais d’une froideur véritablement polaire. L’oiselle, décontenancée voire perplexe, se releva doucement.

"Sortez." Malgré le fait qu’elle dépassait sa supérieure d’une bonne tête, l’apprentie secrétaire était penaude. Elle tourna les talons et sortie de la pièce la tête basse. La fille Rosier observa les débris, le visage défait et le cœur serré. Mais elle n’avait pas le temps de se morfondre, elle était déjà en retard. La Secrétaire referma la porte de son bureau, à clé et traversa le couloir qui menait jusqu’aux ascenseurs. Il ne fallait plus y penser.


Pourtant elle ne fit que ça. La jeune femme se rendit au restaurant en traversant Londres, aux rues grouillantes de moldus. C’est à peine si elle les vit tant elle était absorbée dans ses sombres pensées mettant en scène les multiples facettes son affliction. Enfin parvenue à l’établissement chic, elle adressa à peine un regard au serveur lorsqu’il la plaça, n’offrant qu’un bref « merci » en récompense de sa déférence. Comment allait-elle le lui annoncer ? Devait-elle le faire ? Qu’allait-il penser d’elle ? Allait-il se mettre en colère ? La petite brune secoua sa tête en levant les yeux au plafond paré d’ornements d’or et de sculptures d’albâtre mouvantes déroulant leur danse gracieuse et riante… Et bien que ce spectacle fût beau, il ne parvint pas lui rendre le sourire.

Soudain, elle sentit de larges mains se refermer sur ses frêles épaules. Elle contint la surprise d’un tel contact, comprenant dans la seconde à qui elles appartenaient. Cela ne pouvait être que lui car en plus il posa sa tête contre la sienne et la chaleur qu’il dégageait réchauffa sa joue fraiche. Enfin, ses lèvres s’étirèrent en un sourire large et franc. « J’espère ne pas t’avoir fait trop attendre ma sœur ! ». S’en suivit un baiser sur sa joue pâle et d’une kyrielle de gentillesses. Morrigan se sentit soudain plus coupable encore. Il faisait toujours tant pour elle et elle… ne savait pas même prendre soin de ses cadeaux si onéreux et rares. C’en était trop ! Il ne fallait pas qu’elle le lui cache. Elle ne lui laissa qu’à peine le temps de finir sa dernière phrase, occultée par son mal être surdimensionné.

"J’ai cassé le sablier !" Mais qu’est-ce que ça venait faire là ? Quelle idée de lâcher ça comme ça, à table, avant même de lui demander comment il allait, comment son épouse allait, ou même son enfant ! Morrigan ferma les yeux. Le serveur vint poser devant eux les apéritifs commandés et elle garda le silence, s’en voulant d’avoir tant de travers. Oh bien sûr, ce n’était pas vraiment elle qui l’avait cassé, cela dit, elle n’était pas du genre à dénoncer, et si elle avait été plus maline, elle aurait renvoyé cette gamine, et ne l’aurait pas laissé entrer dans son bureau, tout simplement.



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Message par Invité Lun 2 Déc - 15:05

Déjeuner en Paix
Adrian C. Rosier & Morrigan E. Rosier




Adrian était un homme dont la vie était jalonnée de réussite. Dans les affaires il avait prospéré à une vitesse ahurissante, s'attirant les bonnes grâces de la société sorcière qui attendait sa venue lors de chacune des sorties mondaines britanniques, mais aussi à l'étranger. Sa face cachée jouissait d'une couverture impénétrable, tant et si bien que sa sœur elle même ignorait tout des activités annexes de son aîné. Côté cœur, l'héritier Rosier forçait également l'admiration. Son épouse, la sublime Vyktoria était jalousée par la plupart des dames de la Haute alors que leurs époux, eux, l'enviaient. De leur union était né un charmant bambin qui faisait déjà la fierté de son paternel.

Mais en cet instant, c'est vers sa famille originelle que l'esprit d'Adrian était tourné. Morrigan était son seul véritable lien parmi les Rosier. Son père l'avait autrefois rejeté et bien que sa réussite lui avait valu un retour dans ses bonnes grâces, notamment par l'utilité qu'il fournissait au Sombre Lord et ses idéaux, le dandy n'avait guère souhaité renouer une véritable relation. Non, sa petite duchesse était bien son seul lien d'affection dans la maison Rosier. Et il la chérissait plus que tout. Tant et si bien que ces rendez-vous hebdomadaire était rapidement devenu incontournable. A chaque fois, Adrian prenait le temps d'écouter sa sœur, de la rassurer sur ses doutes, de la pousser vers l'avant, cherchant à lui permettre de s'affirmer chaque jour un peu plus. Et il devait bien avouer que le cheminement de la jeune femme avait des allures de réussite. Le Patriarche devait même s'en sentir malade de voir les deux rejetons désavoués se faire une place parmi la Société Sorcière de standing.

Toutefois, aujourd'hui la brunette n'était pas dans on état normal. Alors même qu'il la saluait, Adrian, très attentif aux humeurs de sa cadette avait décelé le trouble. Et il connut très vite les raisons de cette anxiété palpable. Le sablier était cassé...

Quelques années auparavant, alors qu'il sillonnait l'Asie en compagnie de son fidèle Alyosha, Adrian avait découvert l'artefact dans les tréfonds d'une minuscule échoppe. La beauté de l'objet l'interpela. Il ramenait alors à chacun de ses longs voyages un présent à Morrigan. Bien souvent il devait se creuser la tête afin de dénicher la perle rare. Mais cette fois-là, il avait senti que le sablier était fait pour elle. Il n'avait d'ailleurs même pas cherché à en négocier le prix.

Le Rosier regardait sa sœur de façon neutre. Au cours de ses affaires il avait appris à ne pas dévoiler ses sentiments par l'expression de son visage. En toute circonstance, il conservait un flegme que d'aucun trouverait so british. Le serveur arriva rapidement, déposant devant eux les breuvages alcoolisés. Adrian parut soudain contrarié, son regard perçant fixant le minois charmant de la donzelle. Avant finalement de lui sourire.

"Voilà donc la raison de l'émoi de ma petite duchesse." débuta-t'il d'une voix amusée. "Je passerai à ton bureau et nous verrons s'il y a quelque chose à faire pour y remédier, je connais quelques très bons techniciens pour ce genre de problème." Poursuivit-il amusé tout en lui prenant les mains. "Nous trouverons bien une solution et il est hors de question que ma petite sœur ne m'offre pas son plus beau sourire aujourd'hui !" Conclut-il, la gratifiant de ce clin d’œil malicieux qu'elle lui connaissait fort bien.

Le penchant paternaliste d'Adrian avait, dès lors, repris le dessus. La naissance de son fils avait exacerbé cette part de lui-même qu'il n'avait, jusqu'alors, réservé qu'à Morrigan. Les brimades dont ils avaient été victime durant leur enfance avait tant renforcé leur lien. Adrian, sur bien des aspects ressemblaient terriblement à Evan Senior, mais il avait su conserver cette part humaine qui lui permettait le luxe de savoir se montrer protecteur, au grand plaisir notamment de son épouse qu'il couvait de sa galanterie et de son fils. Avec Morrigan, cela faisait des années que ce jeu durait et il prenait, parfois, la place de ce père trop distant.
Il lâcha lentement les mains froides qu'il venait malgré tout de réchauffer de la jeune femme pour se saisir de son verre. Il le leva en direction de sa convive, s'apprêtant à trinquer avec elle quand un bruit de pas se fit entendre derrière eux. Adrian aurait pu reconnaître cette démarche entre mille et son expression se rembrunit l'espace d'une seconde avant de retrouver son masque d'impassibilité.

"Adrian !!! Quelle plaisir de te voir ici."

Harmony Carrow... Durant quelques mois, elle avait failli devenir sa promise. Du même âge qu'Adrian, ils s'étaient fréquentés parfois à Poudlard et Adrian avait parfois profité de son charme pour obtenir quelques faveurs de l'adolescente qu'elle était alors. Menu détail pour lui, mais le Rosier avait été son premier amant. Il avait commis, de son propre aveu, une erreur avec elle et il s'en était aperçu trop tard... ou trop vite selon elle puisqu'il avait consommé la rupture dès le lendemain. Certes, la galanterie n'avait pas toujours été la marque de fabrique de l'Héritier de la maison à la Rose.
Depuis, elle ne pouvait s'empêcher de lui courir après. A son mariage, elle avait même tenté de voler la vedette à la mariée. Peine perdue, la Carrow n'arrivant pas à la cheville de la sublime russe en terme esthétique. Pourtant elle était loin d'être laide. Grande, des tâches de rousseurs lui parsemant un minois mutin, une longue chevelure rousse, elle faisait le bonheur d'un homme, Adrian n'en doutait guère. Mais elle n'avait jamais accepté d'être évincé. Ou alors avait-elle développé une forme d'obsession envers lui. Quoiqu'il en soit, il se serait bien passé de la voir aujourd'hui !

"Oh !! Et ne serait-ce pas...Mortigan ?" Ajouta t'elle d'un ton plus cassant.

Il n'en fallait guère plus. Adrian leva réellement les yeux sur elle. Il était toujours aussi calme mais il se dégageait de lui ce charisme que beaucoup lui enviait. S'il avait réussi dans les affaires, il le devait beaucoup à cette expression.

"Morrigan." Dit-il d'un ton sibérien.

Il se leva légèrement, prenant la main de la Carrow pour y déposer un baiser. Là, il dévoila un sourire carnassier. L'aigle s'apprêtait à fondre sur sa proie et il s'en délectait à l'avance, préparant chacun des mots qu'il allait employer.

"Je suis moi aussi très heureux de te voir Harmony. Tu ne changes pas... Irradiante. Comment va Mark ? N'est il pas trop impatient de devenir père ?" Dit-il, jovial.

Il venait de frapper à l'endroit le plus douloureux, rapidement, paisiblement. Il se rassit lentement, jetant un regard de connivence à sa petite duchesse. Elle aussi devait être au courant que le couple cherchait depuis maintenant plusieurs années à avoir un enfant. Adrian s'entendait assez bien avec Mark, c'était un homme respectable et au cours d'une soirée arrosée, il lui avait confié en avoir assez d'attendre que son épouse lui offre un héritier. Adrian se délectait de cet instant. Habituellement, il n'avait même pas besoin de la remettre à sa place, Vyk s'en chargeant par sa seule présence.



« Il faut être toujours ivre. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules, il faut s'enivrer sans trêve. De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous ! » ► BAUDELAIRE
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Message par Invité Mar 3 Déc - 12:13


Déjeuner en Paix




Adrian et Morrigan

Adrian pris ses mains froides entre les siennes, si chaudes et rassurantes, protectrices. C’était un homme que Morrigan définirait comme très généreux, doux et avenant. La réalité était tout autre… Et même s’il pouvait être parfois intimidant et qu’elle le savait redoutable –car elle connait son excellent niveau en magie-, elle n’imaginait pas qu’il pouvait être aussi brutal et malveillant. Pourtant, elle décelait quelque chose parfois dans son regard lorsqu’elle l’observait sans rien dire, sans qu’il le voit, le plus souvent, lorsqu’il parlait et agissait avec d’autres personnes. Comme elle l’admirait… comme elle lui enviait son sens du contact et le pouvoir qu’il avait en un regard, en un sourire. C’était un homme infiniment charismatique.

L’œillade qu’il lui lança était insondable et Morrigan crut littéralement fondre sous celui-ci. Quelle sotte elle avait été ! N’en avait-il donc pas assez de ses frasques à présent ? Pour la jeune femme, du moins, dans sa vie privée et sentimentale, une étincelle pouvait avoir les mêmes conséquences qu’un gigantesque incendie et il lui pouvait lui être particulièrement difficile de discerner les évènements comme quelqu’un de « normal ». C’est pour cela qu’elle crut sincèrement qu’il était irrité par une telle nouvelle et le pire, c’est qu’elle aurait trouvé cela normal. Mais son frère pouvait aussi être un homme taquin et la petite brune était une proie tellement facile… Elle était penaude, les épaules voutées et lorsque le serveur vint déposer leur boisson, elle ne lui accorda pas même l’ombre d’un regard, bien trop occupée à se ronger les sangs. Mais lorsqu’elle vit le sourire de son frère, ce fut un véritable soulagement, car elle avait compris. Inclinant son minois, ce dernier tira une moue faussement rancunière pour lui avoir joué un tel tour. Ainsi se proposait-il de l’accompagner à son bureau pour tenter de réparer le précieux objet. La petite sœur accueillit cette idée par un léger mouvement de tête, acquiesçant. Si cela pouvait être réparé, c’était une excellente nouvelle et son cœur fut bien soulagé. Enfin, en réponse à son clin d’œil malicieux, elle lui offrit un sourire radieux, bien quelque peu timide. Il pouvait la faire rougir si facilement…

Mais il était temps de goûter à ce fameux hydromel qu’il venait de commander. Morrigan n’était pas particulièrement portée sur l’alcool –son effet désinhibiteur sur elle serait évidemment une catastrophe en cas d’abus- mais elle savait apprécier la saveur d’un breuvage de qualité, comme le lui avait enseigné. Ils allaient trinquer à la française lorsqu’une silhouette perturba cette entrevue jusque-là si agréable… Harmony Carrow portait bien mal son prénom. Cette fille était, comme son nom le laisse entendre, une sang-pur attachée aux idéaux mangemorts. Elle était d’ailleurs une petite nièce au second degré de leur belle-mère, Isabella. Ceci expliquait peut-être pourquoi le courant passait si mal avec Morrigan… La secrétaire se souvenait des réunions de famille, comme elle la rabaissait à chaque occasion, ou cherchait à l’humilier en la mettant en porte-à-faux devant les autres. Une véritable peste. D’ailleurs, elle et Adrian avaient bien failli se marier. Cette idée lui donna la nausée. Isabella avait appuyé cette idée de tous ses efforts mais cela avait échoué. C’était moins une… Lorsqu’elle la vit, la brunette détourna le regard un instant, contrariée de la voir s’immiscer entre elle et son frère. C’était leur moment à eux. Mais elle enfouit sa rancœur derrière un visage légèrement souriant. Morrigan savait feindre ce genre de chose grâce à son travail.  

La jeune Rosier eut d’ailleurs besoin de toute sa maitrise pour garder un visage avenant lorsque la vipère écorcha son prénom et pensa qu’il ne serait pas mal venu qu’un bus moldu l’écrase lors de sa prochaine balade en balai. Adrian fut bien galant envers elle mais sa sœur décela autre chose que de la galanterie. Serait-ce du sarcasme ? Il se moqua d’elle presque ouvertement, pas assez pour que cela nuise aux relations interfamiliales, mais suffisamment pour qu’Harmony perde sa contenance et pâlisse à l’évocation d’un héritier. Morrigan ne lâcha pas la scène du regard, renversant sa petite tête brune d’un autre côté d’un air intéressé, sa main s’agitant de très légers mouvements pour que le liquide contenu dans le verre s’enroule avec douceur sur lui-même, distillant sa délicate fragrance boisée à son nez. Carrow n’était soudain plus très à l’aise et s’efforça d’émettre un sourire pincé. « Et bien… A une autre fois peut-être. » Dit-elle en jetant un regard gêné à la fille Rosier qui haussa un sourcil en la suivant du regard jusqu’à ce qu’elle regagne sa table. Ces filles sang-pur étaient toutes les mêmes… Ou presque ! La perfidie était souvent leurs seules armes pour exister dans leur monde machiste où il était souvent mal vu pour elles d’avoir un vrai travail. Après tout, elles n’avaient que ça à faire de leur temps. Finalement, maintenant que l’orage était passé, et après avoir vu son air si décontenancé, un brin de pitié naquit en elle. « Je crois qu’elle est toujours amoureuse de toi la pauvre… » Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, elle était sincère et cela n’était en rien perceptible comme de la moquerie.

L’oiselle trinqua enfin avec son grand frère et gouta le liquide du bout des lèvres. Elle en apprécia la finesse et reposa le verre. Elle racla délicatement sa gorge en mettant le bout de ses doigts devant sa bouche close et passa sa langue sur ses lèvres rosées, puis d’un ton hésitant… « Je… pense déménager prochainement. Enfin, pas tout de suite… c’est un projet que j’ai en tête depuis longtemps maintenant. Je ne voulais pas au début pour les raisons que tu connais, mais… je pense qu’il serait peut-être temps pour moi de prendre un peu plus mon indépendance et d’avoir mon propre… chez moi. Mais j’ai… peur de ne pas le supporter… » Dit-elle en baissant la tête, déglutissant. Adrian savait à quel point Morrigan tenait à sa bulle, à son petit monde. Déménager n’était pas une idée anodine, c’était un tournant vital pour elle. Elle ignorait comment elle allait le vivre, elle ignorait comment sa famille allait le vivre, elle ignorait si elle allait pouvoir le vivre ou si tout s’écroulerait… Stabilité, continuité et organisation étaient les maîtres mots pour la santé mentale de Morrigan. Déjà, à la simple pensée de ce projet, elle angoissait. « N’en parle pas à notre père… Ou à… Personne. » Ou a Evan, qu’elle voulait dire, mais elle se rendit compte à quel point sa requête était ridicule. Adrian ne portait pas Evan Jr dans son cœur -et vice versa- par conséquent, elle ne le voyait pas courir vers son petit frère pour lui annoncer la merveilleuse nouvelle. Oui mais et si au cours d’une conversation… comme ça… si ça sortait de sa bouche de façon innocente ? Elle secoua sa tête en prenant une profonde aspiration. Décidément, elle était ridicule. Peut-être que boire un peu la détendrait. Elle saisit le verre et avala le contenu d’une traite, sans réfléchir. La Rosier grimaça un peu et reposa le verre, lèvres pincées. Non, vraiment, elle n’était pas normale. Qu’allait-il penser d’elle ? Elle retint une envie pressante de se cacher sous la table et lança un regard navré à son frère en même temps qu’un sourire contrit. Oui, c’était bien sa petite sœur ça !


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Message par Invité Ven 6 Déc - 10:19

Déjeuner en Paix
Adrian C. Rosier & Morrigan E. Rosier




Touchée... Coulée... La Carrow avait détalé sans demander son reste, se risquant à une dernière oeillade sur Morrigan qui se montrait très intéressée par cette joute verbale très mondaine. La capacité à se lancer des horreurs avec la plus grande des délicatesse étaient dans les gènes anglais. Alors si en plus les protagonistes faisaient partie de la caste la plus haute de la société, cela en devenait d'autant plus savoureux.
Bref le courant d'air Carrow ne fut qu'une ellipse au rendez-vous hebdomadaire des deux premiers-nés Rosier même si la cadette relança le sujet sur la peste en lui parlant de la véritable nature de son affection pour Adrian. Probablement avait-elle visé juste. Il avait été son premier amour, son premier amant. Ca doit bien marquer un minimum. D'autant plus qu'ils avaient été promis l'un à l'autre et qu'Harmony y avait profondément cru, bien aidé en celà par la belle-mère d'Adrian. Finalement Adrian avait beaucoup profité de la situation et Harmony était la plus à plaindre, piégée dans les affres de l'enfer familial Rosier où chacun tentait à sa manière de blesser l'autre.

Au milieu de tout ça restait le frère et la soeur. Et pourtant ils étaient tellement différents. Morrigan représentait la sensibilité, la douceur, parfois même la naïveté. Elle ressemblait tellement à leur mère... Adrian lui savait se montrer particulièrement froid et dur. Il était aguerri à ce monde hostile. Sous certains aspects, les ressemblances avec Evan Senior pouvaient être troublantes. Peut-être cela ne faisait il que nourrir leur rivalité.
Cependant, avec Morrigan il avait toujours été différent. Très jeune, Adrian avait pris son rôle d'aîné avec une grande profondeur et il veillait, coûte que coûte à la protéger. Cela avait renforcé leur lien de façon particulièrement fort. Tant et si bien que la jeune femme faisait partie du cercle très limité des personnes en qui le businessman vouait une confiance sans faille. Et pour elle, il serait prêt à beaucoup de choses.

Il l'observait de son sourire si franc. En le voyant ainsi, il était difficile de s'imaginer l'homme impitoyable qui se cachait derrière ce masque de douceur. Et son sens de l'observation ne saurait le trahir, sa soeur était nerveuse. Certes il avait été question du sablier mais il était évident qu'autre chose la tracassait, et il ne pouvait s'agir non plus de l'intervention déplaisante de la Carrow. Non quelque chose de plus gros se tramait et il fallait à la Rosier beaucoup de courage pour réussir à le dire. Adrian avait toujours soutenu sa petite duchesse et de ce fait, il savait que la nouvelle devait revétir une très grande importance pour la damoiselle.
Puis elle parvint enfin à la dire. Adrian l'écouta attentivement. Par cette manère d'écouter, il entendait prouver à sa cadette qu'il saisissait l'importance de la démarche. Et pour le coup cela le méritait amplement. Il la connaissait parfaitement, il savait l'importance pour elle de petit rituel, ce besoin de repère, bref de se conformer dans une routine salvatrice qui l'empêchait de sombrer dans ses démons. De ce fait, déménager allait sans doute remettre tout en question. Adrian ne la perdit pas de vue, lui offrant toujours ce sourire rassurant. Il la laissa, sans l'interrompre terminer ce qu'elle avait à dire.
Cela n'était pas facile pour elle, bien qu'il lui semblait évident qu'elle ne pouvait ignorer qu'il lui offrirait son soutien indéfectible. Mais il était probable que le simple fait de l'annoncer à ce grand frère faisait basculer l'idée en un projet réel, existant et qui connaitrait un aboutissement proche. Ce qui, au final, intrigua le plus Adrian fut la dernière phrase du discours de Morrigan. A qui craignait elle donc qu'il en parle ? Certes il n'en parlerait pas au père, ni à aucun membre de la famille Rosier. Peut-être aurait-il pu en parler à Vyktoria, mais cela n'aurait pas eu, dans la bouche de Morrigan, ce caractère si important, proche de la supplication. Il ne préféra cependant pas relever pour le moment, jugeant qu'il était préférable de se concentrer sur le fond du problème. Cependant quelqu'un semblait effrayer Morrigan, ce qui ne lui plaisait guère.

Adrian prit alors quelques secondes de réflexion. Sa petite Morrigan se lançait sur la voie de l'émancipation et il était de son devoir de l'y aider. Il prit une nouvelle gorgée de Pur Feu, la dernière avant de reposer le verre sur la table. Il regarda la jeune femme avec une tendresse infinie. Mais alors qu'il allait lui répondre, le serveur fit à nouveau irruption entre eux, venant prendre leur commande. Adrian parut irrité de cette intervention impromptue, ce que le serveur comprit à sa façon de ne pas lui offrir un regard alors qu'il passait la commande.

"Pour ma charmante invitée, vous mettrez les noix de Saint Jacques. Quant à moi je prendrais le bar. Le tout accompagné d'une bouteille de votre meilleur champagne et d'une bouteille d'eau."

Sans attendre son reste, le serveur disparût aussi vite qu'il fut apparu. Adrian retrouva son sourire tout en regardant Morrigan.

"J'espère que tu ne m'en voudras pas d'avoir choisi à ta place mais je voulais à tout prix que tu goûtes ce plat. J'ai emmené Vyk ici la semaine dernière et elles étaient succulentes."

Une phrase pour dédramatiser la situation, voilà qui était une entame plutôt subtile. Maintenant il fallait aborder le vif du sujet, ce qu'il fit de sa voix la plus chaleureuse.

"Ainsi donc il est temps pour toi de quitter le nid. Je suis fier de toi ma petite duchesse !!" dit-il avec entrain. "Je sais à quel point la décision a du être difficile à prendre." ajout'a t'il, se montrant plus complice. "Comme tu peux le voir, je suis à tes côtés dans ce choix, comme toujours. Et bien sûr... je t'apporterai toute l'aide nécessaire pour trouver ce logement. Peut être même pourrais tu venir vivre dans notre quartier. Le lieu est paisible et tu nous aurais à proximité en cas de besoin. Et je suis certain que Vyktoria serait très heureuse de t'aider à décorer les lieux." poursuivit il avec enthousiasme." Et tu pourras profiter d'Arthur un peu plus souvent. Il adore sa tante Morri tu sais." conclut-il en un sourire radieux.



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Message par Invité Sam 7 Déc - 15:11


Déjeuner en Paix




Adrian et Morrigan



Le fantôme de Camelia Rosier planait toujours lorsque les deux enfants issus de sa chair étaient réunis. Morrigan n’avait jamais connu celle qui lui avait donné la vie mais elle pouvait passer des heures entières à écouter Adrian parler d’elle. Evan Senior avait détruit ou caché tous les tableaux à son effigie. Tous ! Ne restaient d’elle pas une moindre fichue photographie. Pourquoi diable avoir agi de la sorte ? La jeune femme se demandait parfois si leur père avait profondément souffert de cette perte et si aujourd’hui encore il en ressentait les affres. Quoi qu’il en soit, la jeune Rosier était toujours très émue lorsqu’Adrian admettait sa ressemblance avec sa mère et même si elle n’avait pas d’idées précises de ses traits, elle la portait forcément aux nues. Adrian, lui, ressemblait davantage à son paternel, bien qu’elle fût assez naïve pour ne pas vraiment s’en rendre compte, bien trop aveuglée par ses sentiments. Après tout, il avait toujours été là où Evan Senior faisait défaut.

Le grand frère resta silencieux un instant après l’aveu de sa cadette. Celle-ci inspira, sentant la chaleur de l’alcool se répandre dans ses veines battantes. Peut-être y était-elle allée un peu fort en buvant ce verre d’une traite. Il fallait vraiment qu’elle se ressaisisse, de peur d’embarrasser Adrian. L’ombre du serveur la surprit et elle s’en allait commander lorsque finalement, on le fit à sa place. C’était du Adrian tout craché. Il prenait les choses en main et ne vous laissait pas le temps de vous poser des questions. C’était si aisé de tomber sous sa coupe, de se laisser mener par le bout du nez, parce qu’il était si persuasif, si implacable... Un dictateur plein de charme et d’une profonde intelligence, s’imposant d’un regard. Morrigan eut un sourire en coin en l’écoutant énoncer ce qu’elle allait manger et elle ne put empêcher ses pommettes de s’empourprer, la boisson aidant. Ce choix lui convenait, il connaissait bien ses goûts et savait lui faire plaisir. D’autant plus qu’elle ne mangeait pas n’importe quoi et était particulièrement critique sur la qualité des aliments. Mais dans ce restaurant sorcier de standing, ce genre de problème n’existait pas.

Elle n’aimait pas lorsqu’une ombre passait sur le visage de son frère, lorsqu’il paraissait plus dur et froid et accueillit donc le départ du serveur, et par conséquent, son nouveau sourire, avec soulagement. « Tu sais que je n’apprécie pas les surprises d’ordinaire, mais je sais que les tiennes ne sont jamais mauvaises. » Mais dès lors il était question de son départ du nid. Ce sujet l’inquiétait et elle ne put s’empêcher de lancer quelques regards discrets autours d’eux. La peur que cette nouvelle se répande la tenait au ventre… comme si le monde entier s’inquiétait de l’endroit où la petite Morrigan Rosier allait poser ses valises ! Quelle bêtise. Elle se raisonna et se trouva d’ailleurs ridicule. Elle s’autorisa enfin une trêve et se détendit. Il était temps d’oublier ses tracas et puis, elle pouvait le sentir, le poids de la tension quittait son corps et dans le même temps, ses lèvres s’étiraient en un sourire bien plus large. La magie de quelque gorgées sur un poids plume !

Alors il était fier d’elle ? Vraiment ? Elle ne pouvait entendre paroles plus douces de sa part. La décision était difficile mais d’un autre côté, elle se sentait pousser des ailes. Y avait-il encore une limite à cette désinvolture, ce désir de contrarier son père ? Ce n’était certainement pas volontaire. Ou peut-être ? Elle-même l’ignorait simplement. L’évocation d’Arthur, son cher neveu, attendrit un peu plus ses traits. Il était la personnification de l’innocence, de la pureté et de la joie. Il était le seul être au monde à pouvoir la toucher sans qu’elle n’éprouve ne serait-ce qu’un soupçon de réticence ou de rejet et ce depuis toujours. Morrigan se demandait parfois si elle aurait un jour droit à un tel bonheur elle aussi. Cela paraissait bien compromis en tous les cas et puis, une part d’elle redoutait de transmettre ses petits problèmes à son enfant, ce serait bien la pire chose qui pouvait arriver et elle ne se pardonnerait pas si cela devait arriver. Son minois se rembrunit à cette pensée mais elle la chassa très vite. « Je te remercie. Je sais que je peux compter sur toi. » Maintenant, elle contemplait son frère avec un regard d’une infinie tendresse, l’un de ces regards qu’il était le plus souvent impossible de lui arracher. Peut-être même aurait-elle été capable de lui sauter au cou pour l’étreindre, mais avec un seul verre, elle n’en était pas encore là, d’autant plus que le serveur, austère, revenait pour les servir.

La fille Rosier retint la suite de sa réponse entre ses lèvres et suivit les gestes du serveur avec attention en laissant s’échapper un sourire poli. Elle n’avait jamais été des plus méprisantes avec le petit personnel. Ce qui s’en suivit fut de la pure magie. En quelques tours gracieux de poignets, une bouteille de champagne apparue entre les mains gantées. Il la présenta aux deux convives. C’était un millésime issu de parcelles françaises, sorcières, cela allait sans dire. On pouvait en distinguer d’estampille sur le corps de verre. Morrigan était bien embêtée. Adrian lui faisait le plaisir de sortir les meilleurs plats et les meilleures boissons et elle n’était pas capable de leur faire honneur ? Elle céda finalement sous la pression de sa propre conscience en acceptant un verre. Ainsi, les deux contenants se remplirent d’eux-mêmes, la bouteille se vidant peu à peu sans qu’il n’ait besoin de verser. Ensuite, ce fut au tour des plats. D’un mouvement de baguette, la nourriture pris place dans les assiettes dans une spirale d’or scintillante, exsudant une légère fumée de laquelle se dégageait un fumet délicieux. Une fois que cela fut fait, le rigide personnage salua discrètement avant de quitter la table.

La petite sœur se saisit de ses couverts en même temps que son frère et commença à découper la chaire ivoirine au fumet succulent. Ainsi, leur conversation pouvait reprendre. « Ne le prend pas mal, mais si je déménage effectivement, alors je préfère tout faire par moi-même. » Elle s’excusa par une moue contrite, espérant sincèrement qu’Adrian ne le prendrait pas mal. En réalité, la jeune fille refusait de s’émanciper d’un père pour dépendre d’un autre. Bien sûr, elle était tentée de le laisser tout prendre en main, mais elle ne pourrait jamais voler de ses propres ailes. Une première bouchée sur sa langue la ravie, comme le passage du liquide pétillant glissant dans sa gorge. Reposant le cristal, la jeune femme épongea le coin de ses lèvres avec la serviette d’ivoire. « Comment se porte Arthur ? Vyktoria m’a appris hier qu’il était malade. » Son regard se fit un peu plus grave, bien qu’elle ne s’inquiétait pas réellement, elle savait le bambin entre d’excellentes mains.


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Message par Invité Lun 16 Déc - 12:03

Déjeuner en Paix
Adrian C. Rosier & Morrigan E. Rosier



L'annonce de Morrigan, ce souhait de quitter enfin le nid Rosier, loin de déplaire à Adrian, lui avait même donner un sourire radieux. La complicité entre les deux frères régnait tant que l'ombre de leur défunte mère semblait les accompagner, profitant de ce moment de pur délice familial. Et dieu seul sait que pour eux cela était rare. Ainsi au choix presque dictatorial d'Adrian sur la question culinaire, Morrigan ne s'offusqua pas, au contraire, elle sembla apprécier l'attention de son frère.
L'homme d'affaire ne cessait d'observer sa cadette, guettant chacune de ses mimiques. Adrian avait pris cette fâcheuse habitude dans ses rendez-vous d'affaire et cela avait dépeint sur sa vie privée. Ainsi il put à nouveau s'apercevoir de l'inquiétude qui agitait sa petite duchesse. Bien qu'il n'en montra rien, conservant un masque d'impassibilité maquillé en sourire amical, cela l'inquiéta à nouveau. Certes le paternel Rosier n'était pas un homme tendre et voir sa fille partir en dehors du mariage le contrarierait, mais il ne devrait pas s'y opposer. Non, il y avait autre chose qui la terrorisait. Cette peste d'Isabella ? Possible. Junior ? Piste à creuser. Mais plus tard, à cet instant il était question de soutenir l'oiseau qui s'apprêtait à voler de ses propres ailes. Finalement elle se reprit, retrouvant son minois de poupée qu'Adrian chérissait tant alors qu'elle le remercia de son soutien.

Le serveur revint à nouveau au plus mauvais des moments. Il avait décidément le don d'agacer l'héritier Rosier. Le spectacle qu'il offrit à ce qui pourrait passer aux yeux des autres clients pour un couple fut grandiloquent. Usant de tout son savoir faire il multiplia les sortilèges comme des tours de passe-passe pour rendre le service majestueux. Cependant Adrian sembla l'ignorer superbement. Le stoïcisme britannique semblait exhaler des pores de la peau de cet homme qui ne se laissait guère impressionner.
En fait Adrian était surtout concentré sur la conversation qu'il avait avec sa duchesse. Il la laissa débuter le repas, observant si elle le trouverait à son goût. Mais quelque chose d'autre la travaillait, tant et si bien qu'elle avala la première bouchée du met sans prêter attention à son goût. Non, elle voulait parler et se concentrait visiblement sur ce qu'elle avait à annoncer à son frère. Et il comprit pourquoi lorsqu'elle repoussa son offre d'aide. Adrian se ferma un instant. Elle lui refusait donc sa présence. Un voile de contrariété le traversa avant qu'il ne se reprenne calmement. Cela ne lui était pas évident tant le Rosier avait besoin de contrôle sur son monde. En cela il n'était pas différent de son père, ni même de Morrigan dont il savait l'importance à ses yeux de petites habitudes.
Il réfléchit à son tour à la réponse à apporter à la requête de sa cadette. Bien évidemment il ne la lui refuserait pas. Au contraire finalement, il pouvait comprendre son souhait. Tout juste et égoïstement  se sentait-il repoussé par cette sœur à qui il avait toujours apporté un soutien sans faille. Mais la bambine avait décidément vieilli et il était tant pour lui de l'accepter. En mimétisme parfait des gestes de la brunette, il débuta son repas, prenant le temps de humer la nourriture avant de l'ingérer lentement afin d'en savourer les arômes. Il regarda à nouveau sa cadette, ne laissant rien paraître de ses sentiments alors qu'il prit de sa main droite sur laquelle une chevalière aux blason de la demeure Rosier apparaissait la coupe de champagne qu'il fit tournoyer avec nonchalance, prenant un certain plaisir à le voir danser ainsi avant de le porter à ses lèvres pour en prendre une gorgée.

"Cela ne me fait pas plaisir Morrigan." Le ton de la voix était sérieux, l'expression grave. "Tu me tiens ainsi écarté de ces premiers pas dans une nouvelle vie." La moue se fit plus contrite, si peu habituelle pour lui. "Mais..." poursuivit-il, hésitant. "Je comprends parfaitement ce besoin que tu ressens. Je te laisserai tranquille mais sache toutefois qu'en cas de besoin, tu peux compter sur moi." ajouta-t'il retrouvant le sourire. "Tu devras toutefois expliquer toi-même à ma chère et tendre que tu refuses son aide." finit-il par glisser dans un sourire mutin.

Puis il avala une nouvelle gorgée du breuvage venu de France. A ses yeux la discussion sur le déménagement était close et il était inutile de la poursuivre aux risques de mettre sa jeune sœur dans l'embarras, chose qu'il désirait ardemment éviter aujourd'hui. Ils continuèrent un instant leur repas, Adrian dégustant chaque bouchée avant que Morrigan ne prit le parti de relancer la discussion sur un sujet qui les mettrait tout deux d'accord, Arthur. Si Morrigan était totalement folle de l'enfant, que dire du cas d'Adrian. Sur un point au moins, il était l'exact opposé de son père. Entre lui et son fils il n'existait aucune froideur mais au contraire un désir de contact et de tendresse. Adrian était l'archétype du père aimant. Bien évidemment, il ne faisait pas parti de ces parents prêt à tout céder à leurs progénitures et Arthur jouissait d'un cadre d'éducation strict mais il passait avec lui beaucoup de temps afin de créer des liens solides bien que son épouse le couvait plus que de raison à son goût.

"Ce n'est rien de grave. Tu connais Vyktoria... Dès qu'il s'agit d'Arthur, son côté médecin reprend le dessus et elle imagine le pire. Ce n'était qu'un simple rhume et un peu de fièvre. Il est presque déjà totalement remis."

Adrian dévoila un sourire que Morrigan ne connaissait que lorsqu'Arthur était évoqué dans une conversation. Il aimait son fils et même s'il se montrait plus flegmatique que sa slave d'épouse, il s'était lui aussi inquiété. Mais son rôle lui intentait de montrer plus de retenue et de force, ce à quoi il se pliait sans vergogne, coutumier de ce visage depuis sa plus tendre enfance. Il regarda à nouveau Morrigan puis entreprit de terminer son assiette. A nouveau et pour conclure ce plat, il vida sa deuxième coupe de champagne.

Il laissa le temps à Morrigan d'en terminer aussi avec ses Saint Jacques, ce qu'elle fit rapidement. A nouveau il la regarda. La discussion avait pris une tournure inattendu pour lui qui avait préparé une surprise à sa sœur. Au départ il était venu pour la lui annoncer et il avait presque failli l'oublier. Il entama sa troisième coupe avant de lui exposer sa surprise. Peut-être buvait-il trop mais les mondanités lui avait appris à s'en accommoder.

"Dieu que je suis tête en l'air ma petite duchesse. Sais-tu que j'avais une proposition à te faire avant même de venir te rejoindre au restaurant." Dit-il d'une voix malicieuse." Comme tu le sais je voyage beaucoup ces derniers temps. Dans deux semaines je pars à New York." Il laissa passer quelques secondes, suspendant le temps à la fin de cette phrase. Morrigan avait l'habitude des départs de son frère et il ne lui en parlait que rarement. Toujours il lui ramenait des souvenirs et parfois il lui arrivait de lui demander si elle avait un souhait particulier. Probablement était-ce encore le cas aujourd'hui. "Désires tu m'accompagner ? Le voyage durera une semaine environ. Je ne serai que peu pris par mes affaires mais je devrais m'y trouver chaque jour. Et puis ce sera pour nous l'occasion de nous retrouver comme autrefois. Et ne me parle pas de ton travail, tu sais très bien que je pourrais trouver un arrangement avec le Ministre... " finit-il dans un clin d’œil amusé.



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Message par Invité Lun 16 Déc - 19:05


Déjeuner en Paix




Adrian et Morrigan



Contrarier un homme comme Adrian n’était jamais quelque chose de souhaitable, même pour sa petite sœur chérie. Il avait été bien plus difficile qu’il n’y parait de refuser son aide et si Morrigan s’était empressée –dans un geste parfaitement contrôlé- de glisser un morceau de nourriture entre ses lèvres pour paraitre naturelle et sereine, c’était pour mieux occulter son appréhension et couvrir les battements trop impétueux de son cœur. La réponse de son grand frère manqua de la faire trembler mais l’alcool qui galopait dans les sillons délicats de ses veines amadouait sa fébrilité. Pour finir, Adrian usa même d’un brin d’humour qui acheva de libérer la donzelle en lui ravissant un sourire conquis. D’une main distraite, elle saisit le cristal pour le poser contre sa bouche et voler une brève gorgée. Refuser l’aide de sa belle-sœur ne serait pas chose aisée, néanmoins, elle savait que cette dernière ne prendrait pas ombrage, du moins elle l’espérait. Morrigan avait plus que tout besoin de se retrouver, de bâtir son propre univers, de placer chaque objet qu’elle aurait choisi à l’endroit où elle l’avait décidé au moment qu’elle aura jugé opportun. Après tout, elle allait bien. Aujourd’hui elle gérait sa vie avec tact, sans problèmes, avec patience. Tout allait bien, alors c’était le moment. Oui, bon, elle prendrait encore un peu de temps pour assurer ses arrières, mais le moment était venu. Enfin.

Très vite la discussion passa à un autre sujet, pour le plus grand bonheur de la cadette et d’autant plus qu’il n’était jamais source de discorde, bien au contraire. Le petit Arthur. Alors finalement, il se portait bien… Couvé par sa mère, il ne pouvait décemment rien lui arriver. Elle eut une moue tendre en repensant à lui. Sans s’en rendre compte, elle avait terminé son assiette et le verre de vin qui l’accompagnait. Elle ne devrait certainement pas boire autant. L’oiselle connaissait ses limites alors pourquoi prendre le risque de les franchir ? Toute cette journée avait certainement trop pesé sur ses frêles épaules et peut-être espérait-elle être plus forte que ça… En réalité, elle se sentait bien maintenant, juste bien, comme si le monde autour d’elle tournait et qu’elle s’extirpait de son corps pour l’observer sans plus exister. Tout était tellement plus beau soudain ! Les prunelles se hissèrent sur la voûte pour voir s’ébaudir de petits angelots poursuivit par une meute de chiens affamés… Les plantes au coin des colonnes décoratives remontaient le marbre pour couvrir la salle et faire pleuvoir sur eux de fines gouttelettes odorantes de sève sirupeuse.

La bouche d’Adrian articula de nouveaux mots, de nouveaux sons. Et sa voix était si enjouée ! Comme elle aimait lorsqu’il était ainsi de bonne humeur. La petite tête brune dodelina de gauche à droite en décortiquant chaque traits de son frère comme on découvre une mosaïque bigarrée et magnifique, et dans son œil luisait une tendresse et un amour presque infini. C’est à peine si elle écoutait ce qu’il disait. Du moins, si, elle écoutait, bien entendu, mais elle ne comprenait l’information qu’après un temps de retard, comme s’il était loin, si loin d’elle. Alors il allait partir à New York. New York ? New York… Elle n’était jamais été là-bas, même professionnellement ; de cette cité, elle ne connaissait que quelques photographies magiques qui montraient d’immenses dédales de rues et des hauts bâtiments à perte de vue. Elle ignorait si c’était beau ou laid, si les américains étaient accueillants ou non. Ce devait être incroyable… plein de vie, d’odeur, de goûts et de sons différents. Alors quoi qu’il en soit, cela ne devait pas laisser indifférent ! Peut-être qu’un jour elle irait… Non ! Non ! Pourquoi partir ? Elle était très bien dans son pays, sa ville, son Ministère, sa maison, son train-train, elle n’était pas comme son frère, c’était lui le baroudeur ! Et puis il y avait toute cette foule grouillante d’américains bizarres se déplaçant en masse tels les bancs de poissons aux bouches béantes et poisseuses poussant des cris, se marchant les uns sur les autres, l’étouffant, s’agrippant à elle pour la maintenir contre le sol boueux dans lequel ses pieds s’enfoncent et… Il voulait qu’elle vienne ? Perdue dans les méandres de ses délires, elle n’avait pas fait attention au serveur qui, d’un coup de baguette, débarrassa les assiettes vides, resservant les verres en faisant apparaître devant eux un dessert aussi beau qu’appétissant… Elle ? A New York ? D’un air rêveur et étourdit, la fille Rosier passa à un rire cristallin particulièrement soudain, les yeux rieurs, comme si on venait de lui conter une quelconque farce qui dura… moins de cinq seconde mais qui eut pour effet de figer l’assemblée. « Comme tu es drôle. » Même Harmony se retourna pour la regarder, sourcil haussé. Ce geste était d’autant plus inattendu que Morrigan ne riait JAMAIS d’une telle façon ; elle si réservée et discrète… venait de se faire remarquer. Lorsqu’elle sembla s’en rendre compte, elle plaqua une main sur sa bouche en mettant brutalement fin à son rire, arrondissant ses yeux dorés. Le serveur cligna des yeux avant de s’éclipser, laissant les deux convives profiter de leur dessert : une sphère de chocolat sur laquelle coulait un filet de chocolat chaud, faisant fondre l’objet géométrique pour révéler une boule de glace parsemée de fruits rouges. Cette beauté délicieuse et artistique la laissa totalement indifférente. « Tu veux m’emmener à New York… ? » Par Morgane ! La jeune femme reposa sa main sur la table, l’air un peu déboussolé. Elle sembla hésiter puis afficha un sourire étendu tout en poussant un léger rire nerveux « Quelle merveilleuse nouvelle ! Excuse-moi, je vais me rafraichir une minute. » Dit-elle avec calme tout en se levant, prenant avec elle son sac à main, sans que ses lèvres ne se débarrassent de ce sourire immuable. Elle serpenta entre les tables le pas léger, presque trop aérien pour elle avant de disparaître derrière la porte des dames.

Lorsque la petite brune se retrouva dans les toilettes, elle ne fit pas même attention à la décoration raffinée. Avec sérénité, elle poussa la porte d’un cabinet, la referma derrière elle et s’agenouilla pour… vomir dans la cuvette.



Lorsqu’elle sortit du cabinet, elle se dirigea vers les éviers pour, cette fois, réellement se rafraichir. Sa tête tournait encore et toujours et pour mieux faire passer la terrifiante nouvelle, elle frotta son visage pâle sous l’eau, s’arrosa la bouche, avala goulument quelques gorgées fraiches et puis se redressa pour mieux pousser un cri en voyant Harmony derrière elle dont le reflet s’étalait sur le miroir. Elle sentait ses tempes battent la mesure, suivant avec soin les battements de son cœur. Morrigan leva les yeux au ciel avant de se saisir d’une petite serviette, poussant un léger soupire. Heureusement, ce n’était pas une illusion… quoi que, peut-être que cela aurait été souhaitable finalement.

La peste croisa ses bras sur sa poitrine et lorgna la fille Rosier d’un œil dédaigneux. « Alors Morrigan, on est malade ? » Son interlocutrice l’ignorait royalement, tamponnant doucement son visage. Il ne faut pas encourager ces bestioles. « Est-ce que ton frère chéri est au courant Morrigan ? » « Arrête un peu de répéter tout le temps mon nom de cette façon. Je sais comment je m’appelle, Harmony ! » Dit la secrétaire en entreprenant de se recoiffer. Même si sa voix s’était voulue sans colère, elle fut bien plus piquante qu’elle ne le souhaita. « Il va mourir de honte quand il va l’apprendre… Sa petite sœur adorée n’est pas ce qu’il imagine. » La cadette Rosier fronça ses sourcils en reposant la serviette et se retourna sur la rousse, incandescente. « Qu’est-ce que tu racontes… » Quoi ?! Qu’est-ce que c’était que ça ? Qu’était-elle en train d’insinuer ? Morrigan déglutit. Savait-elle ? Non c’était impossible. Personne ne savait. PERSONNE ! La rouquine, tel un serpent, glissa jusqu’à la petite brune qui elle, se colla contre l’évier pour éviter tout contact physique. Maintenant, elle était proche qu’elle sentait son souffle contre son visage. C’était écœurant, affolant, elle refreina une violente envie de la repousser. L’alcool courait encore dans son corps, mais ses paroles avaient eu l’effet d’une douche froide. Cette scène semblait tant irréelle que la jeune femme dut se concentrer davantage pour garder les pieds sur terre. Harmony sourit alors d’un air mauvais. « Il va te renier quand il va apprendre que tu n’as rien de pure, quand il se rendra compte que tu l’as trompé avec tes petits airs de vierge effarouchée. » Le souffle coupé… jusqu’à cette dernière phrase, Rosier fronça ses sourcils d’encre avant… de comprendre… et là, ce fut une délivrance. Cette bécasse égocentrique voyait des femmes enceintes partout maintenant ! Manquait plus que ça… Morrigan garda au visage un véritable masque. Quelle réaction adopter ? Se défendre ou la faire marcher… voire courir ? Ce serait certainement très agréable de la ridiculiser davantage. Après tout, elle l’avait cherché. La secrétaire inspira profondément, prenant au visage un air grave. « S’il te plait… il ne faut pas qu’il sache. Tu comprends… Il me tuerait… » De son air supérieur, Harmony eut un nouveau sourire méprisant et se recula d’un pas, permettant ainsi à Morrigan de respirer un peu, ce qu’elle apprécia grandement. « On récolte ce que l’on sème. » Puis elle sortit, laissant la fille Rosier stupéfaite. Cette femme était-elle tant dénuée de conscience ? Pff ! Soit ! Tant pis pour elle.

L’esprit léger et rieur, elle quitta les cabinets des dames pour retourner à sa place, le regard pétillant. Lorsqu’elle fut de nouveau assise, elle prit son verre pour finir la dernière gorgée de vin,  prenant en main sa cuillère d’argent. « Excuse-moi d’avoir été si longue. » Elle saisit une première bouchée et se délecta du mélange des saveurs chaudes, tièdes et froides sur sa langue. « J’ai eu le malheur de croiser Harmony. Ne fais pas attention mais elle va certainement venir te dire que je suis enceinte. » Dit-elle en souriant tout en dégustant son dessert. L’euphorie ne l’aurait pas lâché de ci-tôt si elle n’avait pas vu le visage de son frère se décomposer presque littéralement. « Ce n’est pas le cas ! » Dit-elle avec précipitation, réalisant soudain la bombe qu’elle venait de lancer. « Elle… m’a juste accusé de ça… et c’était tellement ridicule que je… ne l’ai pas… exactement contredit… » Morrigan pinça ses lèvres en reposant sa cuillère. Elle venait soudain de réaliser à quel point son attitude avait été stupide et immature. « Je suis… une sombre idiote… » Elle leva sur Adrian un regard implorant. L’alcool avait maintenant dérobé ses veines ! Bienvenue dans la réalité ! « Dis-moi que tu ne m’en veux pas… et que tu es toujours d’accord pour me prendre avec toi pour aller à New York… » Si cette idée l’avait d’abord terrifiée au point de la faire vomir –le champagne aidant certainement- maintenant elle était l’espoir et la preuve que son frère l’aimait toujours.



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